dimanche 31 mai 2009

Cancer du sein: Agir avant (3)

Je vous l’avais dit fidèles lecteurs, la vie est parsemée d’étranges phénomènes que parfois, vaut mieux ne pas chercher à comprendre. Jeudi dernier, je mentionnais un curieux alignement des astres pour expliquer l’importance d’agir avant d’arriver à la Chalk River. Mais l’ineptie organisationnelle n’a d’égal que le désir des uns à prendre avantage sur les autres. C’est ainsi que le cancer du sein nous ramène au plus terre-à-terre jamais deux sans trois?

Évidemment, la place qu’occupe actuellement le traitement du cancer du sein pousse tout un chacun à se demander pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas agi avant. Et le ministre de la santé, en l’occurrence le Dr Yves Bolduc, de répondre qu’il n’a pu le faire étant donné qu’il a pris connaissance de l’étude du Dr Gaboury que mercredi dernier.

Aujourd’hui dimanche, tout ça est du passé comme vous le savez trop bien. En conférence de presse cet après-midi, le ministre a annoncé que les données de l’étude ne permettaient pas de conclure au médiatisé taux d’erreur de 20 à 30%. Personnellement, je m’en doutais. Je sais que c’est facile à dire après coup mais je réfléchissais sur les oh! et les ah! alors que je préparais cette chronique avant de prendre connaissance de la dernière sortie du ministre.

Voici mon raisonnement. L’étude parle d’un taux d’erreur allant de 20 à 30%. Pour ce qui est du taux de rémission du cancer du sein, on parle d’un taux de succès de 87%. Bien entendu, je n’ai pas toutes les données mais la règle du pouce me laisse croire qu’il y a une incongruité dans les chiffres. Comment avoir un taux de succès de 87% avec un taux d’erreur de 20 à 30%?

À mes yeux, tout ce qu’on peut conclure de l’étude du Dr Gaboury est que les traitements proposés, l’hormonothérapie ou la protéine HER2, ont peut-être un spectre d’efficacité plus grand qu’on le pense. À moins que l’étude ne soit que du n’importe quoi mais je n’oserais l’affirmer sans avoir plus d'informations pertinentes.

L’incongruité des données, c’est probablement ce qui explique que le gouvernement n’a pas agi plus rapidement lorsqu’il a pris connaissance des données il y a un mois. Car malgré que le ministre a dit qu’il avait pris connaissance de l’étude mercredi dernier, soyez assuré que dans les faits, il a eu la puce à l’oreille en bonne et due forme il y a un mois.

Selon moi, il y a un mois, le ministre a mandaté quelques employés pour faire des vérifications d’usage. Évidemment, le dossier a été classé comme confidentiel et c’est ce qui explique qu’on n’en a rien su. La confidentialité a bien entendu été déclarée afin de ne pas énerver inutilement la population.

Avec les événements des derniers jours, le ministre a recontacté son monde afin qu’ils en arrivent à une conclusion le plus vite possible. Voilà pourquoi le ministre annonçait aujourd’hui – soi-disant 5 jours après avoir pris connaissance des faits – que l’étude ne pouvait supporter ses propres conclusions.

Allons maintenant du côté de la sortie du Dr Barrette. Il faut comprendre que le milieu organisationnel est un lieu de pouvoir et de jeux de pouvoir où les uns tentent d’être plus fins que les autres. Et cela est encore plus vrai dans les organisations publiques et parapubliques. Constamment, on y trouve des luttes de pouvoir dans le cadre de négociation souvent inconnue de la population.

C’est dans ce contexte que s’explique la sortie du Dr Barrette. Bon joueur, dans le sens d’habile, il a bien entendu parlé du manque d’initiatives du gouvernement. Et il en a rajouté en mentionnant qu’il n’hésiterait pas pour entrer dans quelqu’un si cela lui permettait d’améliorer les soins donnés à la population. Mais si vous voulez mon avis, tout ça est ce que j’appelle un gros show. Tout ça est en lien avec les perpétuelles négociations entre le gouvernement et les médecins spécialistes. Rien de mieux qu’un coup dans les mollets pour faire tomber l’adversaire au sol et prendre avantage sur lui.

Dans les entreprises, il y en a plein de gros show. Les uns comme les autres bombent le torse et y vont d’une déclaration aussi incendiaire que possible. L’important, c’est d’attirer l’attention des autres et de tenter d’avoir l’air crédible. Cette semaine, le Dr Barrette a réussi à ce jeu et les médias sont montés dans le bateau. Faut-il s’en surprendre?

Les entreprises crient sur tous les toits qu’ils manquent de leaders. Ça ne me surprend pas. Combien d’allumeurs d’incendie ai-je rencontrés dans ma carrière d’ingénieur? Tout simplement trop. Au point où j’ai compris que je serais plus utile pour les entreprises en leur parlant de leadership. Parce qu’il est clair à mes yeux que de nombreux gestionnaires ne voient absolument rien des jeux de pouvoir présents autour d’eux.

Je ne sais pas si vous le réalisez mais j’adore commenter l’actualité. Je dirais même que l’activité m’amène près du point de la plénitude. Les organisations veulent plus de leaders. Ce n’est pourtant pas compliqué le leadership. Il suffit d’agir avant. Comme je le disais cette semaine, il faut parfois agir avant d’arriver à la rivière. Avec la mini-saga du cancer du sein, on comprend que dans d’autres occasions, il faut agir avant… le gros show!

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