dimanche 1 mars 2009

CDPQ - Paravent de belles paroles

Je vous l’avoue chers lecteurs, cette semaine, je ne sais trop quoi penser. Je ne sais trop par où commencer. L’actualité semble être un puits sans fond d’exemples de leadership à ne pas suivre. Bien sûr, je pourrais regarder les choses par l’autre côté de ma lorgnette et me dire : Wow! C’est fantastique! Au train où vont les choses, j’ai plus de sujets de chronique que j’ai de temps pour en écrire! Mais allez savoir pourquoi, cet angle de vue, au lieu de m’enthousiasmer, me donne l’impression que les organisations tournent en rond. Leadership! Avez-vous dit leadership?

Faut-il se surprendre du manque de leadership dans nos organisations? Absolument pas! Il ne faut pas s’en surprendre car le leadership, ça se développe en partie par l’exemple. Et trop souvent, l’exemple qu’on nous donne n’est que cachoterie et diversions. Cette semaine, l’exemple à ne pas suivre est sans contredit l’annonce des résultats financiers de la CDPQ (Caisse de dépôt et placement du Québec) et tout ce qui l’entoure. Pour vous en convaincre, je vous invite à regarder le reportage d’ouverture du Téléjournal de Radio-Canada mercredi soir dernier*.

(6:22) Commençons avec le "Bien sûr que je suis très déçue de ce qui c’est passé en terme de rendement à la Caisse", de Monique Jérôme-Forget, ministre des Finances. "Bien sûr que je suis navrée parce que perdre 40 milliards de dollars, vous comprendrez que personne (ne) peut se réjouir de ça. Est-ce que je suis responsable de finalement, du choix qui a été fait par les gestionnaires de la Caisse? Non, et la ministre des Finances ne devrait pas s’immiscer dans ces choix. La ministre n’a jamais donné de directives pour obtenir des résultats plus élevés que 7 pour cent, 7 pour cent."

Comme poudre aux yeux, avouez qu’on ne peut avoir meilleur exemple. Le point ici n’est pas de savoir si madame Jérôme-Forget est responsable ou non de la perte de 40 milliards. Le point est de l’entendre dire qu’elle est déçue et navrée de la tournure des événements. Comme si l’annonce faite mercredi dernier était pour elle une révélation. Il ne manquait qu’une petite larme et la musique de fond pour faire un peu plus dramatique.

Cela fait depuis novembre 2008 qu’on sait que la Caisse va faire une perte colossale. C’est effectivement depuis les élections de l’automne où l’ADQ et le PQ tentaient de faire sortir le chat du sac que l’on connaissait l’étendue du gouffre. Dans les circonstances, pouvez-vous bien me dire de quelle planète arrive la souriante Monique pour nous partager ses états d’âme et sa stupéfaction?

À bien y penser, peut-être que madame la ministre a raison, elle n’est pas responsable de ce qui est arrivé à la CDPQ. Elle n’est pas responsable, elle est irresponsable! Et entre nous, croyez-vous vraiment qu’elle est autant déçue et navrée qu’elle le prétend? Remarquez, c’est votre droit de croire ou non au Père Noël! Pour ma part, ce que j’en pense ne peut mieux se résumer que par mon amusant : Leadership! Avez-vous dit leadership?

(4 :30) On pourrait également commenter les pourcentages qu’on aurait supposément communiqués à Madame la Ministre fin novembre début décembre, "…non pas moins 25, moins 18 pour cent…" Mais à quoi bon perdre notre temps avec quelqu’un d’aussi mal informé? Si ses dires étaient vrais, elle devrait aller se cacher tellement son personnel lui communique de la fausse information. C’est une évidence, le seul leadership que peut avoir la Ministre, elle l’utilise pour se faire réélire. Madame la Ministre pense plus à son avenir que celui de ses concitoyens. C’est ce que j’appelle du leadership négatif dans ma conférence Les Pouvoirs d’influence du leadership.

(2 :11) "En quelques jours, en octobre 2008, le monde a basculé dans une crise financière et économique jamais vue depuis 80 ans." (2 :36) "Cet épisode est sans contredit une page difficile de l’histoire de la caisse. " (3 :00) "Ce fut une erreur d’en accumuler autant...", des PCAA (Papiers commerciaux adossés à des actifs). Le problème ici, ce n’est pas d’en avoir accumulé. Le problème est d’en avoir acheté de l’entreprise (Coventree) dont la Caisse était le principal propriétaire, le principal client et le principal prêteur. Mais ça, croyez-vous que Monsieur PDG par intérim l’a mentionné? Leadership! Avez-vous dit leadership?

Faut-il en manquer de leadership lorsque tu n’es même pas capable de parler des vrais problèmes? Et après ça on se demande comment il se fait qu’il manque de leadership dans nos entreprises! Facile à comprendre me semble, lorsque les gens préfèrent protéger leurs millions de dollars en salaire en étant gentil gentil avec lui et avec l’autre, il n’y a pas à chercher pourquoi il manque de leadership dans nos entreprises. On veut des leaders, à condition qu’ils fassent ce qu’on leur dit. On veut des leaders, à condition de garder le contrôle!

Si la Caisse de dépôt investit dans une entreprise et que par la suite, elle achète les produits de cette même entreprise afin de créer un engouement dans le marché, ne vous demandez pas pourquoi Monsieur Rousseau a quitté le navire alors qu’il voyait la tempête arriver à l’horizon. Mais comme Monsieur intérim l’explique, tout ça c’est passé en quelques jours en octobre 2008. Bien sûr, comme si nous allions finir par y croire au Père Noël! Leadership! Avez-vous dit leadership?

Pour terminer, juste pour mettre un peu plus de piquant, n’est-ce pas cette même Caisse de dépôt qui avait vendu des fonds de placement à un certain… quelqu’un qui avait une entreprise où il était également principal propriétaire, principal client et principal prêteur… comme il s’appelait déjà… Vincent chose… ça me revient… je l’ai sur le bout de la langue… Lacroix me semble… Mais à bien y penser, je crois qu’on en a assez pour la semaine. Après tout, The show must go on.

Oufff!, j’ai l’impression d’être en feu cette semaine! C’est vrai que je n’ai jamais vraiment aimé les pseudo-leaders. Vous savez, ceux qui se cachent derrière un paravent de belles paroles!


* : Les chiffres entre parenthèses font référence aux minutes écoulées depuis le début du Téléjournal.

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