dimanche 8 mars 2009

Question d'éthique pour Harper

Vous avez sûrement eu écho de l’entrevue de Stephen Harper avec un journaliste de CNN dimanche dernier: « …We’re not going to win this war just by staying. We’re not going to, in fact, my own judgement Fareed is quite frankly, we’re not going ever defeat the insurgency. Afghanistan probably had…»




J’ai pris connaissance de cette entrevue lors du Téléjournal de Radio-Canada dimanche dernier. L’introduction au reportage ressemblait à ce qui suit : «Jamais nous n’allons gagner la guerre en Afghanistan selon Stephen Harper.» Lorsque j’ai entendu la nouvelle, je n’ai pu faire autrement que penser leadership! Avez-vous dit leadership?

En fait, immédiatement j’ai pensé à la motivation des soldats sur le terrain. J’ai eu une pensée pour ceux qui sont morts. J’ai pensé à ceux qui allaient mourir – deux jours après l’entrevue, 3 soldats sont morts et 2 autres ont été blessés. J’ai également pensé à ceux sur le point de partir – 1600 soldats de Valcartier partiront vers l’Afghanistan entre les mois de mars et avril.

J’ai pensé aux soldats et je me suis demandé comment ils allaient faire pour se motiver sur le terrain. Pourquoi aller à la guerre si elle est perdue à l’avance? Pourquoi aller risquer de se faire tuer si le chef croit que nos efforts seront vains?

Tel que prononcé, la déclaration de Stephen Harper est un non-sens. On va laisser nos soldats sur le champ de bataille jusqu’à la fin de l’année 2011 tout en sachant que nous ne viendrons pas à bout des talibans. Pourquoi envoyer des gens se faire tuer à l’autre bout du monde si on n’a pas la certitude de pouvoir atteindre l’objectif initial : gagner la guerre?

Bien sûr, je comprends que le Canada s’est engagé à être présent en Afghanistan jusqu’en 2011. Je comprends également que, comme l’a mentionné Obama au moment où j’écris cette chronique, la solution afghane va prendre forme par des négociations avec des talibans modérés.

Il faut toutefois reconnaître que l’engagement du Canada jusqu’en 2011 a été pris au moment où on avait l’espoir de gagner. Si cet espoir est dorénavant vain comme le prétend le premier ministre, on doit réagir et agir en conséquence. C’est un principe de leadership. Un leader ne peut pas laisser son monde faire des choses auxquelles il ne croit. Un leader ne peut faire perdre le temps des gens qu’il dirige. Un leader ne peut encore moins leur faire perdre la vie inutilement. En fait, un leader ne peut pas changer son fusil d’épaule sans apporter de changements aux actions engagées sous son autorité.

La déclaration de Stephen Harper fait ressortir l’un des obstacles fondamentaux du leadership : l’authenticité. Je parle régulièrement d’authenticité et dans le cas présent, il est pertinent de se demander si le premier ministre était authentique lorsqu’il a fait sa déclaration. Il est pertinent de se demander quelle était l’intention de Stephen Harper au moment de sa déclaration.

Est-ce qu’il veut se repositionner aux yeux des Canadiens en vue d’une élection à venir? Prépare-t-il une prolongation de la mission en Afghanistan avec un objectif différent? La formation de l’armée afghane au lieu de la lutte aux talibans? Ce qui serait peut-être dans les circonstances qu’un subterfuge pour laisser les troupes sur le terrain avec comme conséquence de perpétuer la mort des uns ou des autres pour une guerre qu’on ne peut gagner.

En réalité, peu importe les raisons qui ont poussé Stephen Harper à dire ce qu’il a dit, il y a de fortes chances qu’il n’est pas authentique dans le dossier de l’Afghanistan. Comment en arriver à cette conclusion?

L’authenticité s’observe lorsque les actions d’un individu sont conséquentes avec ce qu’il croit et ce qu'il dit croire. Si Stephen Harper ne croit pas que l’on peut gagner la guerre en Afghanistan, conséquemment, il doit rapatrier nos soldats sur-le-champ afin d’éviter d’autres morts inutiles. Autrement, à quoi bon laisser les soldats canadiens en terre afghane? Pour que certains d’entre eux se fassent tuer inutilement? Si on ne peut gagner la guerre, qu’est-ce que le Canada fait là?

À tout le moins, si on ne peut gagner la guerre, on se doit de changer quelque chose dans la mission actuelle et ce, immédiatement.

Le leadership, le leadership positif, celui qui contribue à l’épanouissement des individus, de la société, des valeurs ou de l’économie, est avant tout une question d’authenticité. Avec la déclaration de Stephen Harper à CNN, on comprend que le leadership, c’est également une question d’éthique.

P.S. Je profite de ce moment pour souhaiter une bonne journée à toutes les femmes!
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