vendredi 23 octobre 2009

Labonté: Acte de leadership

Dimanche dernier, je mentionnais que les aléas relatifs aux contrats à la ville de Montréal commencent à m’enquiquiner. Mon impression était que ça n’en finit plus de finir. Eh bien!, je m’excuse! Je me suis trompé. J’ai pris connaissance de mon erreur hier soir en regardant l’entrevue de Benoît Labonté à Radio-Canada. Entre nous, n’est-ce pas ce qu’on appelle un rebondissement? À moins qu’il soit plus juste de parler du début du commencement!

Pour ma part, j’ai bien aimé le huis clos car il nous montre on-ne-peut-plus-clairement où en est notre démocratie. Du moins, il démontre que le fonctionnement de nos systèmes de gouvernance est profondément malade. Remarquez, malade pour être polie car le juste mot est probablement perverti. Perverti parce que perversion.

Les révélations de Benoît Labonté laissent croire qu’il y a perversion derrière les « j’ai vérifié les faits », « il a mon entière confiance » ou toute autre louange d’intégrité irréprochable que vous avez entendu lors des derniers jours. Derrière toutes ces belles paroles, il y a perversion. La perversion du pouvoir pour le pouvoir.

Après la diffusion de l’entrevue, n’était-ce pas délectable d’entendre les uns comme les autres tenter de discréditer les propos de Monsieur Labonté? D’autant plus délectable que les tentatives de discrédit étaient un copier/coller des affirmations de droiture qu’utilisait il y a tout juste une semaine, celui devenu paria. Affirmations dans le genre, «Je n’ai jamais rencontré Tony Accurso.», «Je n’ai jamais eu connaissance de ça.» ou encore, «J’ai fait vérifier et tout cela n’est pas fondé.»

Personnellement, je ne sais plus ce qui est vrai. Je ne sais plus ce qui est faux. D’autant plus, ou d’autant moins, que tous affirment avec l’assurance du roc de Gibraltar. Dans les circonstances, avez-vous pensé à quoi pourrait ressembler la tenue d’une enquête publique sur l’industrie de la construction? Pouvez-vous imaginer tout ce que pourrait avoir à dire Tony Accurso s’il lui venait la même idée que Benoît Labonté?

Imaginez la teneur d’une enquête publique si Tony Accurso se disait, « Je vais couler mais vous allez couler avec moi!» ou, «Je ne serais pas le bouc émissaire de toute cette affaire-là. » Imaginez même si cela vous semble inimaginable. Si Tony Accurso prenait la parole dans le cadre d’une enquête publique, il est fort probable que cela n’aurait jamais été aussi vrai, la vengeance est douce au cœur de l’indien.

Certes, plusieurs diront que Monsieur Labonté n’est qu’un gars qui cherche à sauver sa peau. Moi-même je doute qu’il serait passé à table s’il n’y avait pas eu les délateurs masqués et la révélation des numéros de téléphone par Paul Larocque de TVA. N’empêche, ce qu’il faut comprendre de tout ça est qu’un leader n’est pas toujours celui qui a une démarche irréprochable.

Le leader est quelqu’un aux prises avec ses désirs et pulsions. Un leader est quelqu’un qui tente de satisfaire ses besoins d’une façon, parfois d’une autre. Un leader est quelqu’un qui à l’occasion, réalise qu’il est dans l’erreur. C’est à ce moment qu’il peut prendre conscience qu’au lieu de se servir, il serait mieux de tenter de servir.

Servir au lieu de se servir. Lorsque Benoît Labonté a accepté de révéler les dessous du financement des partis politiques, il a choisi de servir au lieu de se servir. Bien sûr qu’il le fait en partie pour refaire sa crédibilité. Toutefois, ce qu’il retirera comme avantage sera bien mince comparé à ce que la communauté gagnera advenant une enquête publique.

Par son geste, Benoît Labonté force la tenue d’une enquête publique. Par son geste, Benoît Labonté a dit ce que tout le monde sait dans la classe politique mais que personne n’ose dire. Par son geste, Benoît Labonté a simplement fait acte de leadership.


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